Un visage familier inattendu (PV Teddy Altman)

S

Lorenzo était plutôt perplexe. Il ne connaissait pas encore vraiment l'hôpital, le personnel, le mode de fonctionnement et pourtant, il devait se trouver un interne ou un résident pour l'aider sur son cas du "patient aquarium" comme il l'avait intérieurement surnommé. Comment pouvait-on se retrouver avec un poisson dans le ventre sans s'en apercevoir ? Entier et vivant de surcroît.
Avant d'aller visiter son patient, le docteur Donovan fut pris d'une pensée assez égoïste pour un chirurgien : penser un peu à lui avant d'aller s'occuper de son patient. Après tout, le poisson n'allait sans doute pas s'échapper seul et de sitôt, il pouvait s'accorder quelques minutes non ? En effet, le jeune homme n'avait rien avalé depuis la veille, de peu de rater son avion ce matin, ce qu'il avait aussitôt regretter, et commençait à sentir les effets secondaires de la faim. Et oui, les chirurgiens ne sont pas des robots et ont aussi besoin de manger et de dormir et il n'était jamais bon d'exercer le ventre vide ou avec des heures de sommeil de retard, cela pouvait coûter la vie au patient.

Bref, après une rapide visite de l'hôpital avec une de ses collègues et la récupération d'un dossier, Lorenzo avait décidé de descendre à la cafétéria afin de pouvoir manger un peu en étudiant le dossier du patient. Après les bons conseils du docteur Ewans consernant les ascenseurs, il préféra prendre les escaliers qui, par ailleurs, était désert. Il commença alors à descendre en profitant du silence pour jeter un rapide coup d'oeil au dossier qu'il avait sous le bras.

Peter Perkinson, 38 ans, marié et deux enfants, pas de problèmes de santé particulier jusqu'à maintenant, admis pour de fortes crampes à l'estomac depuis 12 heures environ. Radio, résultats : découverte d'un poisson entier et vivant dans l'estomac. Mais comment diable a-t-il pu se mettre ce poisson dans le ventre ?

Alors qu'il fronçait un peu les sourcils en réfléchissant, Lorenzo percuta quelqu'un dans les escaliers. Rattrapant son dossier de justesse, il commença aussitôt à dire, d'un ton gêné :

Oh pardon, excusez-moi, je suis désolé je ne faisais pas attention à...

Il s'était interrompu en se tournant face à la personne qu'il venait de percuter accidentellement. Il avait directement reconnu la blonde qui lui faisait face et ne s'était pas du tout attendu à la revoir ici.

Teddy ? Mais... Mais qu'est-ce que.... Je te croyais en Irak !

En effet, la dernière fois que Lorenzo avait vu la cardiologue, il en était à sa dernière année en tant que résident, elle avait été nommée titulaire depuis peu, et en plus de pratiquer pas mal d'opérations ensemble, ils étaient amants. La belle blonde l'avait pourtant quitté peu après le début de leur relation pour partir en Irak et ils s'étaient perdu de vue.
Oui, Lorenzo la trouvait changer. Elle n'avait plus tout à fait le même regard qu'autrefois ni la même expression et il trouvait même qu'elle avait maigrit alors qu'elle était déjà mince auparavant. La retrouver ici lui faisait un véritable choc, il n'était même pas au courant de son retour au pays et son expression de surprise devait sans doute le montrer.

C

Encore une journée sans fin pour Teddy. Elle n’avait pas mangé depuis la veille et en avait vraiment vraiment besoin maintenant. Cela faisait un an que je suis rentrée de là bas, d’Irak…Avant cela, j’ai passé deux ans en Irak justement. Avant ce mauvais souvenir, c’est un des plus beaux souvenir qui était avec moi…Il m’avait aidé à surpasser beaucoup de chose quand j’étais la bas. Son souvenir m’aidait à tenir. C’était une belle relation que j’avais vécu, même si j’avais du y mettre fin rapidement…Trop rapidement à mon goût. Je ne sais même pas pourquoi je pense à lui maintenant…Peut-être parce que cela fait trois ans que je ne l’ai pas vu et que cela me manque un peu. C’est surement ca…mais je n’en ai aucune vraie idée…

Prise dans mes pensées, je décide de prendre les escaliers pour monter à la cafétéria le plus rapidement possible, mon estomac me criant famine. Par le passé, cela ne m’aurait pas dérangée…Même maintenant, il m’arrive souvent de ne pas manger pendant longtemps, mais aujourd’hui, cela faisait plus de deux jours que je n’avais pas mangé…Et si je ne mange pas rapidement, je sais que je ne tiendrai pas du tout et tomberai dans les pommes…Hum des pommes, j’ai envie de pommes…BOUM…En moins de dis seconde, quelqu’un me rentre dedans alors que je monte les marches. Je vacille quelque peu, puis reprends les esprits.

« Oh pardon, excusez-moi, je suis désolé je ne faisais pas attention à... »

Je lève la tête subitement. Cette voix, je la connais, et pensais ne plus la revoir. C’était surement un signe d’avoir pensé à lui plus tôt dans la journée. Il m’avait lui aussi reconnu, car il avait lui aussi levé ses yeux et les avait maintenant planté dans les miens…

« Teddy ? Mais... Mais qu'est-ce que.... Je te croyais en Irak ! »

Teddy baissa la tête. Elle ne l’avait pas prévenu, parce qu’elle pensait qu’il avait refait sa vie après leur liaison. Elle l’avait quitté, lui expliquant qu’elle devait partir, et lui avait dit qu’il pouvait faire ce qu’il lui plaisait. Elle de son côté avait subit la guerre et en était revenue changé. Depuis un an, elle essayait de se reconstruire, de paraître forte ? bien évidement, en publique elle y arrivait avec beaucoup de facilité…Mais en privée, rien, le mur tombait, et la tristesse et la détresse reprenait le dessus sur le reste.

« Lorenzo… » Je ne savais quoi dire, mais fini par retrouver mes mots en relevant la tête. « Je n’y suis plus…Depuis un an à vrai dire. J’ai eu besoin de changement. »

Je me demandais encore pourquoi…Pourquoi je n’avais rien fait…

« Je suppose que tu dois être résident maintenant… »

Je devait paraitre distante, mais je ne savais pas trop comment me comporter et espérait un geste de lui pour me l’indiquer. Il m’en voulait peut-être…Je ne pouvais savoir.

S

« Lorenzo… » Elle fixait Lorenzo comme si elle ne semblait pas croire qu'il était là. C'est à ce moment là que Lorenzo remarqua ce qui avait changé dans son regard. Elle semblait caché sa détresse, sa peine ou quelque chose comme ça, chose qu'elle avait longtemps reproché à Lorenzo lorsqu'ils étaient encore à Los Angeles.
« Je n’y suis plus…Depuis un an à vrai dire. J’ai eu besoin de changement, » finit-elle par lâcher après quelques secondes de réflexion. Elle semblait aussi surprise que lui de le retrouver là, dans les escaliers du Seattle Grace Hospital alors qu'il la pensait en Irak et elle, sans doute quelque part en Californie.
Elle semblait aussi assez déboussolée. Peut-être que c'était le choc de cette retrouvaille inattendu qui lui faisait cet effet. En tout cas, c'était l'effet que ressentait Lorenzo. Il avait l'impression de retourner trois ans en arrière, au California Medical Center alors que Teddy était sa titulaire et qu'ils devaient se cacher pour être ensemble lorsqu'ils étaient de garde.
« Je suppose que tu dois être résident maintenant… »

Le ton froid et distant de Teddy surpris le jeune homme. Il s'attendait à avoir enfin un visage familier dans cette nouvelle ville encore inconnue pour lui, à quelqu'un vers qui se tourner. Mais apparament, Teddy ne voulait pas ça et voulait garder une certaine distance avec lui... Il plongea alors ses mains dans les poches de sa blouse avant d'écarter les bras, écartant en même temps la blouse pour laisser voir l'habit bleu foncé des titulaires en chirurgieet en lui répondant d'une mine assez amusée et d'un ton beaucoup plus chaleureux que celui de Teddy.

Pire, ils m'ont nommé titulaire ces inconscients. Tu t'en rend compte ? Et même pas en cardio mais en traumato.

Il espérait que son comportement montrerait à Teddy qu'il n'avait pas vraiment envie de garder ses distances avec lui. Oui, la jeune femme lui avait fait de la peine lorsqu'elle avait décidée de partir en Irak alors qu'il recommençait à vivre et à oublier peu à peu son divorce. Le départ de la cardiologue l'avait d'ailleurs replongé dans l'état qu'il avait avant leur relation. Même si la blonde lui avait dit de ne pas l'attendre avant son départ, Lorenzo avait eu un peu de mal à oublier les peines que lui avaient fait vivre les femmes et n'avait pas vraiment eu de relation. A part quelque coup d'un soir comme on dit, il n'avait pas réellement fréquenté de femmes depuis trois ans.

Ca fait longtemps que tu bosse ici ? tenta-t-il alors en espérant engager la conversation.

C

Je me perds une fois de plus dans ses yeux. C’est une chose qui m’avait tout de suite plus chez lui, ses yeux. Ses beaux yeux bruns. Il m’avait charmé sans s’en rendre compte avec eux…Et c’est souvenir là que je retenais de lui entre autre choses…Les yeux de quelqu’un c’est le reflet de son âme. Son âme à lui, elle était terne quand je l’ai rencontré. Il venait de souffrir à cause de son divorce, et j’ai rapidement vu que ma présence lui faisait du bien, comme il me faisait du bien. Malheureusement mon départ à tout changé, et je suppose qu’il est retombé dans une déprime comme moi je l’ai fait…Sauf que je n’avais pas le temps d’y penser là-bas, bien trop occupé à soigner des soldats blessés…

« Pire, ils m'ont nommé titulaire ces inconscients. Tu t'en rends compte ? Et même pas en cardio mais en traumato. »

Je ne peux m’empêcher de sourire, il a ce ton chaud dans sa voix, celui qui me dit directement qu’il ne m’en veut pas. Celui qui me fait comprendre que si besoin il serait là, comme moi je serais là pour lui. Je lève la tête et lui sourit. Titulaire. Je suis certaine qu’il sera un bon chirurgien, il a de quoi devenir très réputé. Il est habile, très habile…Il me faisait penser à moi durant mon internat quand on s’est connu il y a trois ans…

« Inconscient en effet ! Pourquoi pas en Cardio ? Tu étais doué…Très doué. »

Je change donc de ton, et me met à parler beaucoup plus chaleureusement. Rapidement, mon corps se détend, et je décide de m’adosser contre le mur, dans une position plus confortable. Je passe une main dans mes cheveux histoire de dégager ma mèche de devant mes yeux, puis le regarde à nouveau et sourit.

« Ca fait longtemps que tu bosse ici ? »

Longtemps ? Oui, enfin non, enfin je ne sais pas. Huit mois ? C’est long ? Depuis l’Irak, un mois me parait être une éternité, alors Huit mois, je ne savais pas vraiment. Je ris intérieurement et réfléchit à une réponse convenable à lui donner.

« Huit mois. Longtemps pour moi…Surement pas pour toi… » Je ris « Tu viens d’arriver si je comprends bien…Pourquoi ce changement ? T’en avais marre de LA ? »

J’avais vraiment envie de continuer cette conversation, retrouver cet ami que j’avais perdu à cause de mes choix et de la guerre…Je n’avais pas réussi à l’oublier, alors le retrouver me faisait très chaud au cœur…

S

« Inconscient en effet ! Pourquoi pas en Cardio ? Tu étais doué…Très doué. »

Lorenzo sourit de plus belle à cette remarque. Oui, beaucoup n'avait pas compris son soudain choix pour la traumatologie alors qu'il était prédestiné à une brillante carrière en tant que cardiologue. Avant même de penser à ces paroles, il s'entendit dire à Teddy de cette même voix chaleureux :

Normal, c'est toi qui m'a formé.

Oui, c'était à elle qu'il devait ses nombreuses interventions en cardiologie alors qu'il était encore résident. Elle avait été une prof exceptionnelle, le poussant toujours au bout de lui-même, lui rendant même la vie impossible par moment à cause de cela. Mais maintenant, comment lui dire qu'il avait préféré suivre une voie qu'il avait "suivi" durant deux mois à peine au lieu de la cardiologie alors qu'elle l'avait formé durant près d'un an ? Il ne voulait pas lui faire de peine ou la blessé en lui avouant sa préférence pour la traumataulogie après tout ce qu'elle avait fait pour lui il y avait trois ans. Il tenta alors de continuer sur le ton de la plaisanterie et toujours avec le sourire pour ne pas la mettre mal à l'aise.

Bah, dès que tu es parti pour l'Irak Sullivan m'a fait de l'oeil pour que j'aille avec lui en traumato. Et... Et disons que j'ai bien aimé le changement permanent dans ce service. Désolé Ted', je sais ce que je te dois et je sais que je dois pas mal te décevoir là.

Le docteur Sullivan était le chef du service de traumatologie lorsqu'il était encore à Los Angeles. Lorenzo n'avait plus eu de nouvelles depuis qu'il avait quitté l'hôpital en dehors d'une rumeur selon laquelle il aurait perdu son droit d'exercer après une faute professionnelle. Et en effet, deux heures à peine après que l'avion de Teddy ait décollé pour l'Irak, Sullivan avait tout fait pour avoir Lorenzo comme résident.
Lorenzo remarqua que Teddy commençait à se détendre et à perdre le ton distant qu'elle avait quelques minutes avant. Cela faisait plaisir au jeune homme, au moins il savait qu'il pourrait compter sur elle en cas de problème et qu'elle viendrait sans doute vers lui si elle en avait besoin.

« Huit mois. Longtemps pour moi…Surement pas pour toi… Tu viens d’arriver si je comprends bien…Pourquoi ce changement ? T’en avais marre de LA ? »

Lorenzo retrouva son sourire, croisa les bras après avoir poser son dossier sur les marches puis s'appuya l'épaule contre le mur. Même s'il était deux marches en dessus de Teddy, il ne semblait qu'à une marche d'elle. Elle ne savait pas qu'il était passé par San Francisco avant de venir à Seattle. Une petite vengence sans doute vu qu'elle ne l'avait pas prévenu de son retour en Amérique.

J'ai passé mon examen pour devenir titulaire deux mois après ton départ en Irak. Bien sûr, je l'ai eu sans trop de difficulté. Mais.... J'avais du mal à rester à Los Angeles je t'avoue donc j'ai postulé à San Francisco. J'y bossait encore il y a une semaine et j'ai, moi aussi, eu besoin de changement. Mon chef de chirurgie m'a poussé à postuler ici et me voilà.

Il n'avait pas vraiment envie d'entrer dans les détails sur ses choix. Certes la jeune femme ne lui avait jamais reproché de ne jamais avoir réussi à lui dire "je t'aime", comme avec toutes les autres, car elle connaissait bien Lorenzo mais si elle avait appris qu'il avait demandé ses mutations en fonction de son ex-femme, elle l'aurait sans doute engueulé comme s'il était encore son résident et elle sa titulaire.

C

« Normal, c'est toi qui m'a formé. »

Comment ne pas rougir à ce qu’il venait de dire ? Je ne sais pas. C’est vraiment quelque chose qui me touche en plein cœur. C’est vrai, j’avais été son professeur, et il avait été mon meilleur interne. Non pas parce que l’on couchait ensemble, mais bien parce qu’il était le plus doué de sa promo. Ce soudain virement d’orientation me fit un réel choc, je n’aurai jamais pensé qu’il aurait fini en Trauma…

« Tu étais quand même à la base le meilleur résident de ta promo ! »

Je l’entendis par la suite, parler sur le ton de la rigolade de son changement d’orientation. « Bah, dès que tu es parti pour l'Irak, Sullivan m'a fait de l'œil pour que j'aille avec lui en traumato. Et... Et disons que j'ai bien aimé le changement permanent dans ce service. Désolé Ted', je sais ce que je te dois et je sais que je dois pas mal te décevoir là. » Comment pouvait-il me décevoir ? Cela était impossible, j’étais fier du parcours qu’il avait suivi, que ce soit en cardio ou en traumato, le principal était qu’il soit devenu un médecin impeccable, réputé dans le futur…

« Tu ne me déçois pas, je suis juste surprise…Je n’aurai pas pensé que tu aurais changé de voie…Mais La trauma, ca te conviens très bien aussi, puis ici, tu seras avec de très bon médecin ! »

Dans ce que venait de dire Lorenzo, quelque chose sonnait faux. Je ne savais pas quoi, mais je me doutais qu’il ne disait pas toute la vérité. Pourquoi autant de changement ? Il ne valait mieux pas que je pose la question, et préféra ne rien dire. J’enchaine cependant sur le ton de l’humour.

« Tu me donneras le nom de ton chef de Service à San Francisco, que je le remercie de t’avoir envoyé ici. Je suis vraiment heureuse de t’avoir retrouvé… »

Je ne dis rien de plus, laissant ma phrase en suspends, lui en laissant la libre interprétation. Il m’avait manqué, le retrouvé ici était un bonheur fou. Je l’avais vraiment aimé, et je savais que je l’aimais toujours, même si cela n’était surement pas réciproque…Cela avait été une belle histoire, mais les belles histoires on toujours une fin…Triste.

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Comme toujours, Teddy savait trouvé les mots qui faisait sourire Lorenzo et qui le faisait aller mieux. Il était déjà heureux de ne pas l'avoir vexé, il n'aurait sans doute pas supporter de lui faire du mal, même involontairement.
Au regard que lança Teddy, Lorenzo comprit aussitôt qu'elle avait remarqué le passage très très rapide sur les choix de mutations. Cependant, elle garda le silence et ne lança pas le sujet là-dessus. Le jeune homme lui en fut d'ailleurs profondément reconnaissant. La revoir ici, c'était vraiment extraordinaire. Il avait l'impression d'être retourné trois ans auparavant, lorsqu'ils devaient se cacher pour ne pas que Lorenzo se fasse virer du programme et que Teddy soit renvoyée. Déjà à cette époque ils se comprenaient à demi-mot. Il est vrai que Lorenzo lui en voulait un peu d'être parti sur un coup de tête en Irak mais que pouvait-il y faire ? Il savait que si elle était restée, certes il aurait pu remonter la pente beaucoup plus vite et facilement mais à côté de ça, elle aurait été géné et aurait sans doute regretté de ne pas être partie.

« Tu me donneras le nom de ton chef de Service à San Francisco, que je le remercie de t’avoir envoyé ici. Je suis vraiment heureuse de t’avoir retrouvé… »

Lorenzo rigola de bon coeur et de façon aussi spontané que quelques minutes avant, alors qu'il était encore avec le docteur Ewans. Finalement, sa journée n'était pas une si mauvaise journée. Il avait fait une très bonne rencontre et... Et il avait retrouvé Teddy.

Pas de soucis, je te donnerais même son numéro si tu veux. Moi aussi je suis heureux que tu sois là, finit-il dans un soupir.

Ces retrouvailles étaient si inattendues. Cela le laissait presque sans voix. Il avait une envie irrésistible de monter les deux marches qui le séparer de la belle blonde et de la serrer dans ces bras. Ce qui l'en empêcher ? Elle avait été assez claire avant son départ. C'était fini entre eux deux et chacun devait faire sa vie de son côté. Déjà à Los Angeles Teddy n'avait aucun mal à trouver un homme et il avait fait beaucoup de jaloux lorsqu'ils étaient ensemble. Alors à l'armée... Elle avait sans doute quelqu'un et il ne voulait pas faire celui qui est encore trop attaché. Surtout qu'elle le prendrait surement mal si elle n'était pas seul.
Alors qu'il regardait la cardiologue en silence, son ventre se mit à gargouiller bruyament, le tirant de ses pensées et lui rappelant ce qu'il faisait dans les escaliers.

Excuse moi du bruit, fit-il en rigolant, en posant sa main gauche sur son ventre et en se passant la main droite à l'arrière de la tête. J'allais à la cafét' vu que, comme tu viens de l'entendre, je meurs de faim. Je... Euh.... Si t'es libre on pourrait...

Il n'osait pas finir sa phrase. Qu'il était stupide de penser qu'elle accepterait de venir manger avec lui. Comme il l'avait déjà pensé tout à l'heure, elle était certainement en couple et refuserait donc de manger en tête à tête avec un ex petit ami et de plus, elle avait sans doute des patients à voir, des opérations à faire, bref, un métier de chirurgien. Pourtant, il lui lança un regard plein d'espoir en espérant que la jeune femme soit libre et accepte de l'accompagner à la cafétéria.

C

J’avais complètement oublié son rire si particulier, celui qui m’avait fait tant de baume au cœur quand ça n‘allait pas. Je l’avais aimé ce rire, comme j’avais aimé chaque partie de Lorenzo. Le tout formait un jeune homme qui avait réussi à me charmer, alors que je ne croyais plus en grand-chose. Je préférais me noyer dans le boulot plutôt que de sortir, de me détendre, c’est Lorenzo qui avait réussi à me redonner cette joie de vivre, celle que je lui avais redonné en même temps. Nous nous étions servis de thérapie mutuelle, même si appeler ça comme ça, ça fait un peu barbare. Notre relation avait été très belle, très particulière. On n’avait pas besoin de mots pour se comprendre. Des regards, des gestes suffisaient pour se parler…

« Pas de soucis, je te donnerais même son numéro si tu veux. Moi aussi je suis heureux que tu sois là »

J’étais très heureuse aussi C’était si inattendu comme retrouvaille, que j’avais toujours du mal à y croire. J’ai peur qu’en me réveillant demain matin, tout n’ai été que rêve, et que ce cours moment de joie intense n’ai été en faite, un jeu de mon imagination…

Il était si proche, et si loin en même temps. J’avais envie de descendre une marche, de me blottir contre lui et de rester là, pendant un long moment, mais je ne pouvais décidément pas faire ça. Quelle réaction aurait-il si je le faisait ? Je ne préférais pas enter le diable, on venait à peine de se retrouver.

Plongé dans mes pensées, c’est une espèce de grognement qui me fit revenir à la réalité. J’entendis Enzo, comme je le surnommais à l’époque, s’excuser du bruit, puis je compris en le regardant d’où provenais ce grognement. Il était apparemment en direction de la cafétéria quand nous nous étions percuté. J’allais moi aussi manger à ce moment là.

« J'allais à la cafét' vu que, comme tu viens de l'entendre, je meurs de faim. Je... Euh.... Si t'es libre on pourrait... »

En le voyant essayer de se dépatouiller avec sa demande, je ne peux m’empêcher de sourire, toujours la même gêne quand il prenait la parole, une sorte d’appréhension, que je trouvais très mignonne. Il me lança à la suite un regard plein d’espoir quand à la réponse que j’allais lui donner. Pouvoir passer un peu de temps avec lui ? Le retrouver ? Je n’allais surement pas dire non.

« Avec plaisir Enzo…J’allais aussi m’acheter à manger, c’est un bon timing. »

Je lui souris et descendit les quelques marches qui nous séparait l’un de l’autre.

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Comme il aurait pu le prévoir, Teddy souriait toujours devant la gêne qu'il éprouvait lorsqu'il demandait quelque chose à une femme. Et plus la femme lui plaisait, plus il était gêné, c'était la règle la plus simple bien sûr. Il ne se rappellait que trop bien des nombreuses fois où il avait essayer de lui proposer une sortie après une garde ou autre il y a trois ans. Et à chaque fois bien sûr, il se retrouvait à baffouiller un semblant de question que Teddy devait toujours finir elle même si elle ne voulait pas attendre des heures et des heures. Et à chaque fois, elle avait ce sourire si particulier et qui mettait encore plus mal à l'aise Lorenzo. Il pensait ce problème passer depuis le temps. Il n'avait plus autant cherché ses mots devant une fille depuis près de deux et demi et pourtant, tout revenait au galop à ce moment là.

« Avec plaisir Enzo…J’allais aussi m’acheter à manger, c’est un bon timing. »

- Génial, répondit Lorenzo en souriant.

Enzo. Cela faisait trois ans que personne ne l'avait appelé comme ça. Même dans sa famille personne ne l'appelait Enzo. Ils préféraient le faire râler en l'appellant "Lolo" ou encore "Zozo". Elle avait été la seule à l'avoir appeller comme ça et l'entendre de nouveau l'appeller Enzo lui réchauffait le coeur. C'était sûr maintenant, il avait beau avoir débarquer à Seattle depuis à peine deux heures qu'il n'était plus seul. Teddy était là. Il vit d'ailleurs la blonde le rejoindre et il l'attendit avant de commencer à descendre quelques marches avec elle. Est-ce qu'elle avait grandi ou bien ses souvenirs lui jouaient des tours en la lui rappellant plus petite ? C'est sur que du haut de ses un mètre quatre-vingt-douze, Lorenzo avait l'habitude d'être largement plus grand que la plupart de ses collègues et amantes mais il lui avait pourtant sembler que Teddy était un peu plus petite. Il n'osa pas lui poser la question, il se rappellait très bien qu'à chaque fois qu'il lui faisait remarquer leur différence de tailles, même en rigolant, il se prenait un coup de poing dans l'épaule. Pas bien méchant bien sûr, elle ne voulait pas lui faire de mal, simplement lui rapeller de se taire là dessus.

Ils avaient déjà descendu une dizaine de marche lorsqu'il lui sembla qu'il avait oublier quelque chose.

- Mon dossier ! s'exclama-t-il d'un coup, un peu paniqué.

Il remonta en courant les marches en entendant disctinctement le rire de Teddy. Il ramassa le dossier qu'il avait posé sur les marches et redescendit les marches qui le séparer de la blonde à vive allure. Arrivé à son niveau, il lui sourit de nouveau.

- Oui je sais, toujours aussi tête en l'air quand je n'ai pas de scalpel dans les mains. Mais bon, que veux-tu ? Il parait qu'on m'aime comme ça.

Finalement, il avait bien fait de venir à Seattle. Il n'avait fait que de deux rencontres pour le moment mais deux merveilleuses rencontres. Une chirurgienne de son service avec qui il s'entendait très bien et il avait retrouvé Teddy. Lui aussi avait envie d'appeler son ancien patron pour le remercier de l'avoir pousser à candidater au SGH.

C

L’enthousiasme de Lorenzo me fit rire de plus belle. Je n’avais pas connu a ce jour quelqu’un qui pouvait être plus ravi pour une chose que lui. Je me rappelle encore d’une de nos sorties, trois ans auparavant, durant laquelle nous sommes allez nous promener. Il voulait absolument la faire cette sortie, alors que moi, je me serais bien affaler sur mon canapé à dormir…Il avait fini par me supplier d’y aller avec lui, et j’avais fini par accepter. Il avait été si heureux qu’il avait gardé son sourire durant toute la ballade. Comme un grand gamin. C’est un des côté de Lorenzo que j’adorais. Il arrivait en un quart de seconde, à me faire changer d’émotion, ou d’état d’esprit… Et tout ca sans aucunes difficultés.

Nous commençons ensemble à descendre les marches. Je restais une marche plus haute que lui à chaque fois, ce qui me permettait de le contempler encore un peu…Même si une impression de radotage me parvient, je ne peux m’empêcher de penser qu’il m’a énormément manqué. Lui, son humour, sa part d’innocence qu’il n’a jamais perdu, sa timidité, tout me manquait en lui, et le retrouver ici, me conformait dans mes choix. Venir à Seattle fut la meilleure décision que j’ai pu prendre.

Alors que j’étais perdu dans mes pensées, j’entendis Lorenzo presque crier qu’il avait oublié son dossier. Effectivement, en regardant plus haut, je distinguais son dossier qu’il avait posé sur une marche quand il s’était posé contre le mur. C’est sous mon rire, que je n’arrivais à arrêter, qu’il remonta rapidement les escaliers pour récupérer son dossier. Lorenzo avait toujours été comme ça. Il était l’homme le plus tête en l’air que je connaissais, et ça me faisait bien rire. Je retrouvais le vrai Lorenzo. Il n’avait pas changé le moins du monde, et c’était vraiment délicieux de le retrouver comme ça.

« En tout cas une chose est sûr…Je t’aime comme ça ! »

Je n’avais même pas eu le temps de penser ce que je venais de sortir. Je fermai les yeux rapidement avant de les ouvrir. Il n’y avait pas plus doué que moi pour me cramer en quelques secondes. Espérant qu’il ne tilterai pas, j’enchainai assez rapidement.

« Près pour déguster un repas dans un hôpital…Attention, ici c’est pire que L.A. ! »

Descendant encore les quelques marches qui nous séparaient de la porte, je fini par l'ouvrir et le laisser passer devant moi. Les escalier était bien calme contrairement au reste de l'hôpital...

S

« En tout cas une chose est sûr…Je t’aime comme ça ! »

Lorenzo perdit quelques instants son sourire et regarda Teddy d'un air étonné. Il pensait n'être plus qu'un souvenir pour elle, un de ces nombreux ex avec qui on s'entend toujours bien mais qu'on a oublié en quelque sorte. Il vit la blonde fermer les yeux puis les rouvrir brusquement. Il se rappelait très bien de ce tic qu'elle avait quand elle faisait une bourde. A croire qu'elle venait de se griller alors qu'elle ne voulait pas. Devait-il comprendre qu'elle avait quelqu'un dans sa vie en ce moment ? Avec un petit pincement au coeur, il se dit qu'au final, ce qui importait, c'était qu'elle soit heureuse. Elle le méritait amplement.

« Près pour déguster un repas dans un hôpital…Attention, ici c’est pire que L.A. ! »

A la façon dont elle enchaina aussi rapidement sur un autre sujet, le californien comprit qu'elle avait en effet dit quelque chose qu'elle ne voulait pas dire. Elle avait quelqu'un. Mais Lorenzo ne voulait pas envenimer la relation de la blonde. Si elle était heureuse, tant mieux pour elle, il resterait en tant qu'ami et confident sans jamais chercher à faire du mal au couple de Teddy. Il reprit alors aussitôt son sourire alors qu'elle descendait les dernières marches.

- T'inquiète, L.A c'était un cinq étoiles comparé à San Francisco.

Elle ouvrit la blonde et le laissa passer. Et comme toujours, une fois passé, Lorenzo lui tint la porte pour la laisser passer elle aussi avant de la refermer. Les couloirs de l'hôpital était beaucoup plus bruyant que les escaliers, il n'y avait pas photo. Mais Lorenzo ne savait pas vraiment s'orienter, il se tourna alors vers Teddy avec son sourire grand gamin avant de lui dire sincèrement :

- Je te suis, je serais même pas capable de trouver l'accueil pour le moment.

Malgré la visite rapide que Shenea Ewans lui avait fait, il ne se rappellait plus trop où se trouvait la cafétéria et préféra suivre son ancienne amante qui était là depuis beaucoup plus longtemps et semblait connaître les moindres recoins de l'hôpital.

C

« Merci »

Ne voulant pas me retrouver seule devant, je restais à ses côté, faisant attention à lui indiquer par où il devait tourner. Cet hôpital était un vrai labyrinthe pour une personne qui ne connaissait pas les lieux, mais à force de parcourir les étages, on finissait par en connaitre les moindres recoins. Pour preuves, en moins de deux semaines, je connaissais déjà le bâtiment comme ma poche, et me rendre rapidement d’un lieu à un autre ne m’avais plus posé aucun problème. Sentant le silence commencer à énormément prendre le dessus, j’essayais en vain de trouver un sujet de conversation. Je n’avais jamais été très douée pour ce genre de chose. J’étais plutôt une femme silencieuse, qui ne parlait que si j’en avait vraiment besoin, mais pour une fois, je décidai de me forcer…

« Alors, tu dois bien avoir quelque chose à me raconter. Ça fait trois ans, qu’est ce qui a changé dans ta vie ? »

Et voila, je n’avais rien trouvé de mieux… Des questions banales, et un peu agaçantes, c’est tout ce que j’arrivais à sortir…Je me frappai intérieurement, puis me concentra sur lui…ou plutôt sur sa réponse. J’avais envie de savoir si il avait suivit mes conseils, si il ne m’avait pas attendus…Même si cela me ferait mal au cœur, le savoir seul, sans personne, me faisait encore plus mal. Il méritait de connaitre le bonheur bien plus que les autres personnes.

[C'est cours j'en suis vraiment désolée...j'avais pas d'idée, j'me rattrape au prochain !]

S

[Pas de soucis ne t'inquiète pas ^^]

Le silence s'était installé entre Lorenzo et Teddy. C'est vrai que ce silence commençait à devenir pesant mais le jeune homme savait qu'aucun des deux n'était de grand bavard, c'était d'ailleurs à cause de ça qu'on avait confié Lorenzo à Teddy lors de leur première intervention ensemble. Il avait même préféré travailler avec elle à cause de ça. pas de bavardage inutile, de "je te raconte ma vie et après tu me raconte la tienne" alors qu'on était sensé suivre un patient. Une fois devenu amants, il n'était pas rare qu'ils passent des matinées entières de jour de repos dans leur lit, dans les bras l'un de l'autre sans échanger un seul mot. Chaque silence est différent et a un sens différent, mais celui là était pesant il est vrai. Lorenzo cherchait ce qu'il pouvait dire pour relancer la conversation lordque Teddy pris les devants, comme toujours entre eux deux.

« Alors, tu dois bien avoir quelque chose à me raconter. Ça fait trois ans, qu’est ce qui a changé dans ta vie ? »

Lorenzo retrouva son sourire. Il savait que s'il commençait par parler de Dana, il allait se faire gronder comme un enfant de cinq ans. Mais que pouvait-il raconter ? Il n'y avait pas grand chose qui avait changé dans sa vie durant ses trois dernières années.

- Bah je suis devenu titulaire déjà. C'est pas mal ça non ? On aurait plus eu besoin de se cacher, commença-t-il avec une pointe d'amusement dans la voix.

Oui, ils n'auraient plus eu à se cacher. Ni à Los Angeles, ni à San Francisco ni ici... Mais maintenant, elle avait quelqu'un, il en était presque sûr et il sentait qu'elle avait tournée la page. Elle aussi. Comme toutes les autres.

- Sinon euh... j'ai profiter de mes jours de repos à San Francisco pour m'améliorer encore en surf. Mais bon, les plages de là-bas sont beaucoup moins bien que celle de L.A, faut l'avouer quand même.... Quoi d'autre ? .... J'ai enfin eu mon permis moto et..... Euh.... Emily a un petit frère depuis 2 ans et demie et Dana s'est remariée il y a six mois.

Il avait beau savoir que Teddy allait encore le reprendre mais il n'avait pas pu s'empêcher de donner des nouvelles de sa fille et de son ex femme. Elle était la seule ici à savoir qu'il était le père d'une fille de 7 ans et qu'il avait été marié. Et en plus, il n'avait plus que ça à raconter. Il sentait bien que la blonde allait le tuer sur place mais quoi dire d'autre ? Qu'il n'avait fait que bosser depuis qu'elle était partie pour ne pas retomber dans l'état dans lequel il était avant leur relation ? Non, il n'avait pas le droit de lui dire ça. Surtout maintenant qu'elle avait quelqu'un dans sa vie et qu'elle semblait aussi heureuse. Elle avait le droit d'être heureuse après tout. Bien plus que beaucoup de gens autour d'eux dans cet hôpital.

- Et toi ? Quoi de nouveau ? demanda-t-il en espérant qu'elle ne relèverait pas le fait qu'il ait parler de Dana et Emily.

C

« Bah je suis devenu titulaire déjà. C'est pas mal ça non ? On aurait plus eu besoin de se cacher… »

Je baissais la tête. Oui, nous n’aurions plus eu besoin…On vivrait notre relation au grand jour, sans se cacher comme des voleurs, comme on l’a toujours fait. Quelques fois je me dis que j’aurai du assumer cette relation, en parler au chef de Chirurgie. Après tout, ici Meredith et Derek sortaient bien ensemble et tout le monde le savait…Je m’en veux…J’aurai du le dire, on ne serait peut-être pas la aujourd’hui, mais bien à Los Angeles, ensemble, et je ne serais pas partie là bas…

« On aurait dû…On aurait dû tout dire au Chef. On serait encore ensemble, ici ou à Los Angeles, mais on serait encore ensemble… »

Je ne sais même pas pourquoi j’ai sorti ça. Encore une fois, je ferai mieux de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler, ça m’éviterai de regretter ce que je dis. Faisant comme si je n’avais rien dit et espérant que Lorenzo ne me reprendrait pas, j’écoute la suite de ce qu’il a à dire.

« Emily a un petit frère depuis 2 ans et demie et Dana s'est remariée il y a six mois. »

De tout ce qu’il venait de dire, une seule et unique chose m’attira l’attention. Il savait pertinemment que parler de son ex-femme avec moi était hors de question, qu’il devait passer à autre chose, mais pourquoi continuait-il. J’aurai pensé qu’en trois ans, il aurait eu le temps de l’oublier complètement.

« Enzo…Tu sais très bien ce que je vais te dire, alors pourquoi tu continues ? Emy j’veux bien c’est normal, c’est ta fille, mais Dana ? Dana ? J’pensais que tu serais passé à autre chose…Dommage. »

J’avais été plus sèche que ce que je n’aurai voulu, mais parler de Dana ne m’avais jamais vraiment plus. Même sans la connaitre, je ne pouvais pas m’empêcher de la détester pour ce qu’elle lui avait fait, dans l’état dans lequel elle l’avait mis.

« Et toi ? Quoi de nouveau ? »

Qu’est ce que je pouvais bien lui répondre ? Que ma vie depuis un an n’est que débauche et désespoir, que les deux années passé là bas furent la plus grosse erreur et en même temps de magnifiques souvenirs ? Non je ne voulais pas ça. J’allais lui dire la vérité, en omettant quelque point tout simplement.

« A vrai dire ? Pas grand-chose. Deux ans en Irak, je suis revenue l’année dernière et peu de temps après Owen Hunt, qui bosse dans le même service que toi, m’a proposé de venir bosser ici vu que le SGH cherchait un chirurgien cardiaque et thoracique. J’me suis dit que ça me ferait du bien de faire ce changement après ce que j’avais vécu, et j’ai sauté sur l’occasion. »

S

« Enzo…Tu sais très bien ce que je vais te dire, alors pourquoi tu continues ? Emy j’veux bien c’est normal, c’est ta fille, mais Dana ? Dana ? J’pensais que tu serais passé à autre chose…Dommage. »

Oui, il savait très bien qu'elle allait dire ça. Teddy n'avait jamais pu encadré Dana. A qui la faute après tout? Lorenzo comprenait la blonde. Mais le ton sec avec lequel elle avait parlé avait un peu blessé le jeune homme. Oui sa fille c'était normal. Il voulait juste lui dire que maintenant, elle avait un père. Ou plutôt un beau-père. En réalité, il n'en avait plus grand chose à faire de son ex femme. Il pensait exclusivement à sa fille, celle qu'il n'avait jamais connu et qu'il ne connaitrait jamais à cause de son ex femme. Au point de vue des femmes, oui, il était passé à autre chose mais quand il s'agissait de sa fille... Si Teddy apprennait ce qu'il faisait aujourd'hui encore, peut être qu'elle l'aurait écorché vif. Ou peut être pas. Il ne savait pas bien ce qu'elle en penserait. Il n'osait même pas imaginer en réalité.

« A vrai dire ? Pas grand-chose. Deux ans en Irak, je suis revenue l’année dernière et peu de temps après Owen Hunt, qui bosse dans le même service que toi, m’a proposé de venir bosser ici vu que le SGH cherchait un chirurgien cardiaque et thoracique. J’me suis dit que ça me ferait du bien de faire ce changement après ce que j’avais vécu, et j’ai sauté sur l’occasion. »

Owen Hunt ? Alors c'était lui son nouvel homme? Il avait eu un peu d'espoir lorsqu'elle avait pensé tout haut qu'ils auraient du aller voir le chef de chirurgie lorsqu'ils étaient encore à Los Angeles. Mais Lorenzo connaissait la blonde, elle ne changea pas du jour au lendemain de lieu de travail sur un coup de tête. Si elle était venue ici sur la demande de ce Owen Hunt, c'était forcément qu'ils y avaient quelque chose entre eux deux. Et en plus il allait devoir travaillait dans le même service que lui. Mais bon... Si Teddy était heureuse...

- Et... Et vous êtes ensemble depuis longtemps ?

Qu'est-ce qui lui avait pris de demander ça ? Avait-il perdu la tête ? Il n'avait même pas réfléchit avant de demander ça. Et en plus, c'était quoi ce ton qu'il avait utilisé pour cette question ? Comme s'il n'en avait rien à faire que Teddy soit en couple avec un autre homme. Il n'avait vraiment pas assuré sur ce coup... Comme toujours en amour en fait.

C

J’ai rapidement remarqué que j’ai blessé Enzo avec le ton que j’ai employé pour parler de Dana, mais ce n’est pas de ma faute. Ralentissant le pas, je tourne la tête vers lui, et comprend à son regard que je n’aurai pas du parler comme ça. Je suis vraiment idiote quand je m’y mets. Il faudrait d'ailleurs que je fasse en sorte de ne plus faire les même conneries, ça m'éviterai beaucoup de parole, de difficulté et d'exposition...

« Excuse moi, je voulais pas te blesser… »

Je cherchais dans son regard un signe qui me ferait comprendre qu’il ne m’en voulait pas. N’en trouvant pas, je me dit que ce n’était pas grave. J’avais merdé sur ce coup là, c’était tout. Ça ‘arrivait souvent en ce moment, je devais être dans une mauvaise période. Sois je disais des choses que je ne devais pas et qui était pris sur le mauvais ton, sois je révélais des choses que je ne voulais pas.

« Et... Et vous êtes ensemble depuis longtemps ? »

Je m’arrêtai net dans mes pas. Avais-je bien entendu ce qu’il venait de me demander ? Je le regardais et compris que oui, il me demandait si j’étais avec Owen depuis longtemps. Avec des yeux de surprise, je réfléchis rapidement à la réponse que je pouvais lui fournir. Mais pourquoi j’y réfléchissais ? Bien sure que non, je n’étais pas avec lui, même si à l’époque de l’Irak, je n’aurais pas dit non et que maintenant, il est avec Cristina. Rapidement, je repris contenance, et répondis à sa question.

« Je ne suis avec personne. Non, nous ne sommes pas ensemble. On était dans la même unité en Irak, mais c’est tout, il n’y a jamais rien eu. Owen est mon meilleur ami, rien de plus. »

C’était la stricte vérité. Il y a bien eu attirance, mais chacun de notre côté, nous la refoulions au plus profond de nous, pour ne pas devoir la subir…

Je repris la marche, puis tourna à droite, nous arrivions juste devant l'entrée de la cafétéria. heureusement pour nous, à cette heure ci, celle-ci était presque vide, une vrai aubaine, car aux heures de pointe, il était presque impossible de trouver une seule place.

« On va pouvoir s'installer ici...» Je pointais une table pour deux personnes dans un angle. Posons d'abord nos affaires, pour être sûr de garder cette table, on y sera tranquille.

S

« Je ne suis avec personne. Non, nous ne sommes pas ensemble. On était dans la même unité en Irak, mais c’est tout, il n’y a jamais rien eu. Owen est mon meilleur ami, rien de plus. »

Pourquoi cette joie soudaine ? Lorsque Teddy lui dit qu'elle n'était pas avec ce Owen, Lorenzo senti un puissant sentiment de joie monter en lui. Est-ce qu'il était encore amoureux de la blonde ? Non, il ne pouvait pas. Cela faisait trois ans qu'ils ne s'étaient pas vu. Certes leur histoire avait été plutôt belle mais aujourd'hui... Qui étaient-ils vraiment l'un pour l'autre ? Parce que maintenant qu'il repensait à ce que Teddy lui avait dit et qu'il savait qu'elle était seule, cela pouvait porter à confusion. Comment devaient-ils se comportaient l'un envers l'autre ? Amis ? Ex mais en bon termes ? Reprendre là où ils s'étaient arrêtés ? Il fut coupé dans ses pensées par la cardiologue qui lui indiqua une table. Sans rien dire, il posa son dossier sur la table et la suivit pour aller se servir.

Machinalement, il prit deux plateaux et en tendit un à Teddy. Il était encore perdu dans ses pensées alors qu'il mettait une salade, une assiette de steak frites, un yahourt et une pomme sur son plateau. Oui, malgré ses airs de gros mangeur, Lorenzo avait toujours fait attention à son alimentation. Cela était sans doute dû à son côté de sportif. Il lui sembla que Teddy lui parlait mais pour une raison qu'il n'arrivait pas à trouver, il ne l'entendait pas. Ou plutôt si, il l'entendait mais ne l'écoutait pas. Il était encore dans ses pensées. L'idée de reprendre leur idylle comme si de rien n'était alors que trois s'étaient écoulés ne semblait pas être une option vraiment possible pour Lorenzo. Il paya son repas après avoir attraper une bouteille d'eau puis se dirigea vers la table de deux que Teddy avait remarqué tout à l'heure. Une fois installé, il commença à attaquer sa salade lorsque Teddy lui fit remarquer son silence.

- Hein ? Oh excuse moi Ted' je... Je me suis un peu perdu dans mes pensées...

Son ton était hésitant, tout comme lui d'ailleurs. Devait-il lui dire ce qu'il avait sur le coeur en ce moment même ou bien devait-il le garder pour lui? Ne sachant pas quoi faire, il préféra garder le silence là dessus. Mais il ne voulait pas non plus que la conversation s'arrête, il était trop content de revoir Teddy pour ça, même s'il ne savait pas vraiment où ils en étaient tous les deux.

- Tu disais quoi ? Je suis vraiment désolé mais... euh... je n'coutais pas vraiment.

Elle avait toujours été sincère avec lui donc il préfèreait de loin l'être aussi avec elle.

C

Je pris avec plaisir le plateau qu’il venait de me tendre. Regardant tout ce qui était proposé aujourd’hui, mon choix se porta vers une simple salade verte, et rien de plus. Non pas que je n’avais pas fin, mais plutôt que je ne pouvais pas manger plus. Mon estomac ne s’accommodait qu’à une petite quantité de nourriture. Un peu trop, et je me retrouvais en moins de cinq minutes la tête au dessus de la cuvette des toilettes.

Sans vraiment regarder ‘Enzo, je commença à lui parler. Il venait de se servir un repas équilibré, comme ce qu’il faisait par le passé. Les bonnes habitudes restent apparemment…

« Alors comme ça on entretient son corps ? C’est une manière de le faire. Tu fais du sport en même temps ?

Nous eûmes le temps de retourner à la table que Lorenzo ne m’avait toujours pas répondu. Il me suffit de le regarder pour comprendre qu’il était perdu dans ses pensées.

« Oh je te l’ai pas dit…J’ai deux jumelles, elles s’appellent Tic et Tac. Elles sont blondes, et c’est toi le père. Je voulais te le dire avant, mais je n’ai pas trouvé la force de le faire…En même temps, je ne sais pas comment tu aurais réagit. J’ai failli mourir aussi, à cause d’un hélico pendant le transport d’un patient. J’ai un bras articulé, et une jambe amputée. Le troisième œil qui est entre mes deux sourcil et bien plus gros que ce que je pensais quand on était encore ensemble et Oh oui, je viens de Vénus…’ENZO, t’es là ? »

J’ai du agiter ma main devant son visage pour qu’il finisse par revenir dans ce monde. Il devait vraiment être parti très loin pour ne rien écouter de ce que je venais de lui dire.

« Hein ? Oh excuse moi Ted' je... Je me suis un peu perdu dans mes pensées... »

Je ne peux m’empêcher de rire, pour s’être perdu dans ses pensées, ça oui il venait de le faire, et pas qu’un peu. A croire que son esprit était équivalant du labyrinthe du Minotaure, et qu’il fallait le fil d’Ariane pour en sortir.

« J’disais rien d’intéressant, juste des conneries, pour voir si tu m’écoutais ? Et tu pensais à quoi de beau pour être partis si loin ? »

Bah oui, j’avais envie de savoir, cela devait être très passionnant pour qu’il ne m’écoute pas du tout et que je me retrouve avec une machine humaine devant moi…

S

[PTDR j'adore Teddy qui pète son cable mdr

]

« J’disais rien d’intéressant, juste des conneries, pour voir si tu m’écoutais ?»

Connaissant Teddy comme il la connaissait, il était quasi sûr que quiconque d'autre l'aurait écouté parler aurait du être intubé à force de rire. Oui, même si elle en avait pas l'air elle pouvait très vite et très facilement sortir une litanie d'idioties toutes aussi folles les unes que les autres. C'était d'ailleurs généralement comme ça qu'elle arrivait à régler leur problème de couple trois avant lorsqu'ils se disputaient et que Lorenzo ne voulait plus l'écouter. A chaque fois il finissait par craquer et exploser de rire dans la salle de détente ou la réserve. Il ne put s'empecher d'émettre un petit rire en y repensant. Elle aussi rigolait mais sans doute à cause de la tête qu'avait fait Lorenzo en revenant sur Terre.

« Et tu pensais à quoi de beau pour être partis si loin ? »

Lorenzo releva la tête et plongea son regard dans celui de la cardiologue. Bon sang que ce regard lui avait manqué. A la fois calme et rassurant, il y avait un truc dans ce regard que les autres n'avaient jamais eu jusque là. Mais il aurait été impossible à Lorenzo de savoir quoi.

Que devait-il faire maintenant ? Tout lui dire ? De toute façon, qu'est-ce qu'il risquait ? A part peut-être se prendre la salade de la belle dans la tête ? Autant se lancer après tout. Cherchant ses mots et retrouvant le ton hésitant bien caractéristique de sa gêne, Lorenzo prit la parole.

Je ... Je me demandais juste.... Bah voilà quoi.... On s'est quitté y a trois ans.... Mais on était bien ensemble non ?... Enfin... Moi j'était bien après toi....

Et c'était parti. Lorenzo commençait à paniquer, il ne savait pas quoi dire, comment le dire et surtout s'il devait le dire. Il n'espérait qu'une chose à ce moment-là : que Teddy fasse sa Teddy. C'est à dire que, comme trois ans avant lorsqu'il commençait à s'embrouiller tout seul comme là, qu'elle le coupe. Qu'elle l'arrête de parler et le calme, le rassure ou autre mais qu'elle le coupe d'une manière ou d'une autre pour qu'il puisse reprendre ses esprits et reformuler correctement ce qu'il voulait dire.

C

[J'voulais qu'elle sorte encore plus de connerie mais je ne savais pas quoi rajouter mdrrr]

Il mit un temps infiniment long avant de répondre. Il plongea son regard dans le mien, et je compris qu’il pensait à quelque chose d’important. Mais quoi ? Rapidement, il reprit une posture hésitante, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il commença à balbutier quelques mots. Des mots qui me surprirent au plus haut point. Comment ? Jamais je n’aurai pensé qu’il pensait encore de cette façon a ce que l’on avait vécu, et qu’il faisait lui aussi des hypothèses sur ce que l’on vivrait aujourd’hui…

« Je ... Je me demandais juste.... Bah voilà quoi.... On s'est quitté y a trois ans.... Mais on était bien ensemble non ?... Enfin... Moi j'étais bien après toi.... »

Comme trois ans auparavant, je posai mon doigt sur sa bouche, pour le faire arrêter de parler.

« J’étais bien aussi. Je ne voulais pas que ça s’arrête, mais les relations à distance, ça ne marche jamais longtemps. Je ne voulais pas détruire cette relation qu’il y avait entre nous. Alors j’ai pris cette décision là à l’époque, mais maintenant, je la regrette. On était vraiment bien ensemble… »

Je lui souris, ne sachant quoi lui dire de plus. Mon doigt reste posé encore quelques secondes, avant que je ne le retire et que je pique un bout de ma salade. Je plante par la suite mon regard émeraude dans son regard caramel, et espère une réponse de sa part…Est-ce que c’est ce qu’il voulait entendre ? Ou pas du tout ? Je ne le savais pas, mais j’allais très rapidement le comprendre.

Mes sentiments a son égard ne s'était pas amoindrit au fil de ces trois années, bien au contraire, ils avaient grandit en mon fort intérieur, espérant un jour le revoir. Malheureusement, a mon retour d'Irak, j'avais voulu le recontacter, mais on m'avait apprit à Los Angeles qu'il ne travaillait plus là bas. Ce fut pour moi comme un déclic, qui me fit comprendre que mon tour était passé, que je n'avais plus aucun droit d'essayer de le retrouver. J'avais pensé à cet époque qu'il avait dû refaire sa vie avec une autre femme, comme je le lui avais conseillé.

S

Lorenzo s'enfonçait de plus en plus dans le baragouinage. Il ne savait limite même plus ce qu'il disait. Et comme trois ans auparavant, Teddy allongea son bras au dessus de la table et posa son doigt sur sa bouche. Ce contact, pourtant si simple, avait énormément manqué à Lorenzo. Et alors qu'il reprenait un peu son souffle après sa litanie, la blonde parla à son tour pour exposer son point de vue au californien.

« J’étais bien aussi. Je ne voulais pas que ça s’arrête, mais les relations à distance, ça ne marche jamais longtemps. Je ne voulais pas détruire cette relation qu’il y avait entre nous. Alors j’ai pris cette décision là à l’époque, mais maintenant, je la regrette. On était vraiment bien ensemble… »

Elle lui souriait, le doigt toujours sur la bouche de Lorenzo. Plongé dans le regard l'un de l'autre, Lorenzo remarqua malgré tout la pointe de tristesse dans les yeux de la blonde, malgré le sourire qu'elle lui adressait. Que pouvait-il dire après ça ? Il ne lui avait même pas dit qu'il avait quitté Los Angeles un peu à cause de son ex femme mais surtout à cause d'elle. Tout dans l'hôpital de Los Angeles lui rappelait Teddy et surtout, après son départ en Irak, leur relation avait été rendu public en quelques sortes. Quelqu'un les avaient surpris sans qu'ils le sachent et il avait du assumer seul cette relation car elle était partie... Certains avaient même prétendu qu'il avait eu son titre de titulaire simplement parce qu'il avait couché avec elle. D'autre qu'elle avait abusé de lui grâce à sa place dans la hiérarchie, à la détresse de Lorenzo à ce moment là et parce qu'elle avait deux ans de plus que lui. Il avait du quitté Los Angeles parce que presque la moitié du personnel ne le prenait pas au sérieux ou avait pitié de lui. Il y avait même cru à un moment. Elle ne l'avait pas aimé, elle avait juste besoin d'un homme et elle s'était servie chez ses résidents comme on se sert un verre d'eau. Et aujourd'hui, trois ans après elle lui sortait ça ! Des tonnes de questions se bousculèrent dans la tête de Lorenzo, mais une seule pouvait toutes les résumés.

Elle avait retiré son doigt de la bouche de Lorenzo et son regard était toujours planté dans le sien. Il fallait qu'il lui demande. Il en avait besoin pour comprendre ce qui lui arrivait. Il avait 36 ans mais à ce moment là, il avait l'impression d'être un adolescent de 16 ans. Dans un soupir, il lâcha alors sa question, le regard toujours planté dans celui de Teddy.

- Pourquoi ?

C

Je mangeais de la salade en attendant qu’il me réponde, et je ne m’attendais en aucun cas à sa réponse.

« Pourquoi ? »

Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je suis partie ? Pourquoi est-ce que je regrette ? Je ne sais pas, franchement je n’en ai aucune idée. Je suis partie sur un coup de tête, parce qu’il le fallait, parce que j’avais besoin de changement, et je n’avais pas vraiment réfléchit aux conséquences de mes actes. A mes proches, à mes amis, et surtout à Lorenzo, je l’avoue. Je me rappelle que quand on s’est séparé, cela me faisait mal de le lui dire et que quand je suis retournée chez moi, j’ai pleuré pendant toute la nuit avant mon départ. Je me doutais que j’avais dû lui faire beaucoup de mal.

Je sais qu’il attend ma réponse, mais je ne sais pas quoi lui dire, alors je le regarde dans les yeux. J’y vois de la douleur et de la tristesse. Je comprends alors que je lui ai vraiment fait très mal, et je m’en veux pour cela. Je ne voulais surtout pas qu’il en souffre de mon départ. Mais apparemment, il en a souffert plus que ce que je ne le pensais.

« Parce que je t’aimais bien plus que je ne l'aurais voulu. Je ne voulais pas perdre cette relation de confiance et de confident qu'il y avait entre nous...»

Je ne sais pas si c’est ce qu’il voulait comme réponse, mais il fallait que je lui dise, alors voila c’était fait. Je venais de mettre les deux pieds dans le plat…

S

Teddy semblait surprise de la réponse de Lorenzo. Elle ne devait sans doute pas s'attendre à ça et il est vrai que Lorenzo aurait quand même aimer avoir une réponse. La blonde chercha une réponse durant de longues secondes en gardant son regard planté dans celui du californien.

« Parce que je t’aimais bien plus que je ne l'aurais voulu. Je ne voulais pas perdre cette relation de confiance et de confident qu'il y avait entre nous...»

C'était ça son motif ? Lorenzo n'arrivait pas à le croire. Elle avait attendu trois ans avant de lui avouer qu'elle avait été bien avec lui et de lui dire des choses qu'il n'avait jamais su alors qu'ils étaient encore ensemble et elle espérait justifier son départ avec ça ? Lorenzo avait beaucoup de mal à la croire. Ce n'était pas la Teddy Altman qu'il connaissait. Elle avait changé en trois ans, sans doute à cause de l'Irak mais ce n'était quand même plus sa Teddy.

- Pour ne pas détruire cette relation ? Tu te fous de moi là?

Lorenzo se laissait envahir par la colère. Le ton qu'il avait employé était beaucoup plus dur qu'il ne l'aurait voulu et le volume plus fort aussi. Heureusement qu'il n'y avait qu'eux deux dans la cafétéria à ce moment là car il n'aurait sans doute pas supporter en plus le regard des autres braqués sur eux. Pourtant, lorsqu'il repris la parole, son ton n'avait pas changé, il n'arrivait pas à se calmer.

- Tu parle de confiance alors que t'a filé à l'autre bout du globe sur un coup de tête ? Après ce que m'avait déjà fait Dana ? Pas étonant que je n'arrive plus à avoir confiance en une femme quand elle veut se mettre en couple avec moi. Tu disais que tu la haïssais pour ce qu'elle m'avait fait, mais tu a fait pratiquement la même chose qu'elle Teddy. T'es partie d'un coup et sans te retourner. Pourquoi tu ne nous a pas laissé de chance quand même à distance ? Tu ne va pas me faire croire que tout le monde était célibataire là bas ? Pourquoi tu ne m'a jamais donné de nouvelles quand tu y était ? Pourquoi tu ne m'a même pas appelé quand tu es revenu ? Tu dis que tu m'aimais mais apparament, je n'étais si important que ça non ?

Il savait qu'il allait sans aucun doute possible blessé Teddy mais comme toujours, il se laissait prendre par la colère et n'arrivait plus à s'arrêter. Il se vidait d'un coup, crachait tout ce qu'il avait retourné en lui pendant trois ans en pensant l'avoir oublier. Pourtant, tout refaisait surface d'un seul coup. Et malheureusement pour Teddy, Lorenzo se laissait emporter par la colère sur elle.

C

« Pour ne pas détruire cette relation ? Tu te fous de moi là ? »

Et voila. C’était dit. Et voila, j’avais sa réponse. Il commençait à s’énerver. Je l’avais mérité en même temps. Je l’avais laissé seul. Il avait le droit d’être en colère…

« Tu disais que tu la haïssais pour ce qu'elle m'avait fait, mais tu as fait pratiquement la même chose qu'elle Teddy. »

Je me retenais, je ne voulais pas m’emporter, mais ce qu’il me disait me faisait mal. Très mal. D’un côté, je voulais lui cracher à la figure tout ce que j’avais sur le cœur, et de l’autre côté, je voulais me cacher sous la table, le laisser crier et ne rien dire, subir, seulement subir. Je le méritais tellement. Je l’avais abandonné, n’avais donné aucunes nouvelles. Pas qu’à lui, a personne. Je m’en voulais déjà assez tous les jours, mais savoir que je l’ai blessé au plus profond du lui, ce n’était pas la même chose, c’était pire, et l’entendre me le dire lui-même, c’était encore pire. Un coup de poignard dans le cœur…

« Pourquoi tu ne nous as pas laissé de chance quand même à distance ? […] Pourquoi tu ne m'as jamais donné de nouvelles quand tu y étais ? Pourquoi tu ne m'a même pas appelé quand tu es revenu ? Tu dis que tu m'aimais mais apparemment, je n'étais si important que ça non ? »

Je fermai les yeux. J’avais besoin de retenir mes larmes, je ne voulais pas être faible devant lui, surtout pour ça. Il me faisait peur, il avait raison de sortir comme ça de ses gongs, mais il me faisait vraiment peur. Toutes ces questions, qu’il venait de me poser, je me les posais en boucle dans ma tête, et je n’arrivais pas à en trouver les réponses. Après avoir murement réfléchit à ce que j’allais pouvoir lui répondre, je me lançai. Mon but, ne pas m’emporter, et surtout ne pas pleurer. Ah qu’est ce que l’Irak m’avait changé…J’étais devenue tellement sentimentale, et facile à blesser.

« Tu crois que je suis partie sur un coup de tête ? Oui c’est la vérité, mais c’est aussi parce qu’on m’avait menacé. Notre petite relation, on l’avait appris, et il voulait la révéler. Sois je démissionnais, sois tu te faisais renvoyer, alors j’ai démissionné, et je me suis sentie honteuse de ne pas être restée pour me battre pour toi. J’ai préféré fuir, me retrouver à un endroit où je serais ‘seule’ pour repenser à ce qu’il s’était passé…Je m’en veux, tu ne peux pas savoir à quel point je m’en veux pour ce que j’ai fait. Depuis trois ans, je ne fais que regretter ce que j’ai fait. J’ai voulus t’écrire, mais à chaque fois que j’essayais, je n’arrivais pas à écrire, je voulais m’excuser, mais je n’ai pas réussis. Tu ne sais pas tout ce que j’ai vécu, tout ce qui j’ai dû garder en moi, alors que je voulais t’appeler tant de fois, pour m’excuser et pur te dire que je t’aime… »

Je n’avais malheureusement pas réussi à retenir mes larmes. Les essuyant rapidement avant ma manche gauche, je repris mon monologue, sans même le regarder…

« Tu étais important, tu étais le plus important. J’avais enfin trouvé quelqu’un qui me comprenait, quelqu’un en qui je pouvais avoir vraiment confiance, mais comme toujours avec ma vie, j’ai tout foutu en l’air. Tu comptais, tu comptais tellement…J’ai essayé de t’appeler quand je suis revenue, mais apparemment Monsieur préférais aller vaquer à San Francisco. Je n’ai pas voulu essayer de te chercher, je me suis dit que j’avais loupé ma chance, et que tout ce que je méritais pour t’avoir fait du mal, c’était de finir seule, de payer pour tout. Tu ne sais pas ce que j’ai subit durant ces trois ans, je ne sais pas ce que tu as vécu, mais une chose est sûr, je t’ai aimé plus que tout, je t’aime plus que tout… »

Sans lui laisser le temps de répondre, je me lève de mon siège, entendant quelqu’un rentrer dans la cafétéria, je ne voulais pas qu’il me voit comme ça. Rapidement, sans me retourner, je sors de la cafétéria, et va me coller contre le mur le plus proche, avant de me laisser tomber par terre. Le couloir était désert à ma plus grande chance…

S

Lorenzo bouillonnait littéralement de rage. Il n'arrivait plus à se retenir et proférait horreurs sur horreurs. Pourtant, quand il vit Teddy fermer les yeux, il remarqua alors les larmes qui commençait à se former. Il s'arrêta immédiatement, redevenu soudain aussi calm que quelques minutes auparavant. Lorsqu'elle commença à parler, il la laissa faire, sans rien dire. Elle avait besoin de se vider elle aussi, il le sentait. Il l'avait blessé et s'en voulait pour ça. Il aurait voulu l'interrompre pour lui dire qu'il savait qu'ils avaient été découvert et que c'était pour cela qu'il était parti à San Francisco mais il ne put pas. Il devait la laisser parler.

Pourtant, plus elle parlait plus les larmes coulaient sur son visage. Il n'avait jamais aimé la voir ainsi, même si cela n'était arrivé que quelques fois lorsqu'ils étaient encore à Los Angeles. Lorenzo se maudissait d'avoir exploser ainsi et de lui avoir balancer tout ça. Il n'y avait pas à dire, il était toujours aussi nul avec les femmes. A peine son monologue fini, Teddy se leva et sortit de la cafétéria. Abandonnant ce qu'il restait sur son plateau la suivit et attendit d'être sortie de la cafétéria pour l'appeler.

- Teddy, attend.

La blonde avança tout de même, comme si elle ne l'avait pas entendu. Elle ne voulait pas l'entendre, il le savait mais pourtant... Il s'arrêta quelques secondes. Encore une fois, il avait tout gaché. Il avait vraiment le don de tout faire voler en éclat alors que tout aller bien. Lorsqu'il vit la silhouette de Teddy bifurquer, il repartit sur ses pas en courant pour la rattraper. Quand il arriva à l'intersection, il découvrit un couloir vide. Teddy était là, assisse contre le mur, en pleurs. Lorenzo commença à s'approcher d'elle doucement avant de s'asseoir à coté d'elle et la tirer vers lui. Lorsque Teddy posa sa tête sur son épaule et qu'il l'a prit dans ses bras, il lui chuchota à l'oreille en essayant de sécher ses larmes :

- Je suis désolé Ted'. Je n'aurais pas du te dire tout ça.... Je sais qu'on nous avait découvert... J'ai quitté L.A pour ça, je ne supportais plu l'attitude des autres à mon égard... Je suis désolé Teddy.